Le monde s’effondre, CHINUA ACHEBE
Le monde s’effondre, CHINUA ACHEBE
INTRODUCTION
Le monde s’effondre est un roman qui décrit le mode de vie de la société Ibo avant et pendant la colonisation. Chinua Achebe, auteur du présent ouvrage, grâce à une connaissance approfondie de la culture Ibo, entend apporter sa contribution dans l’éveil des consciences de jeunes
Générations sur certaines pratiques traditionnelles africaines .Avant d’étudier les principaux thèmes et leur rapport avec l’actualité, il nous revient de porter un regard rétrospectif sur la vie de l’auteur et ses œuvres, ainsi que le résumé de l’œuvre qui fait l’objet de notre exposé.
I- L’AUTEUR ET SES ŒUVRES
1) Biographie
Chinua Achébé de son vrai nom Albert Chinualumg est né le 16 novembre 1930 à Ogibi à l’est du Nigéria .Fils de Isaiah Okafo un ecclésiastique chrétien de Janet T. Achébé .Il est le 5éme de sa famille . Il obtint une bourse a l’âge de18 ans pour poursuivre ses études à l’université d’Ibadan de 1943 à 1953 au government collège il obtient son 2BAC2 l’équivalent de la maîtrise dans le système français à l’université de Londres en 1953.Achébé effectue quelque voyage en Afrique et au USA et y travail comme professeur d’anglais .Il commença à travailler à N.B.C. (Nigérian Broadcasting Corporation ) en1954 après avoir suivi une formation à la
BBC .Il se maria le 10 septembre 1961 avec Christie Chinwé Okoli et eut 4 enfant :Chinelo, Ikechukwu, Cidi et Nwando .en 1962 il fonda une collection intitulé « Africain »chez un éditeur anglais. Il sera le rédacteur en chef du périodique « Obike » en 1972.Il fut adjoint d’un parti politique du Nord du Nigéria. Achébé fut professeur dans plusieurs prestigieuses universités Nigérianes, anglaises et américaines. Achébé fut récompensé plusieurs fois :
- The Nigeria National trophy for literature en 1960
- The commonwealth poetry prize en1972 et1979
- The Nigeria National merit award en 1979
- The peace prize of the German trade le prix des bibliothécaires allemands
- En 2004 Chinua Achébé refuse le titre de « commander of the federal republic » un titre honorable pour protester contre la politique de son pays. Il enseigne au Bard collège à new york city actuellement.
Dans cette partie, il apparait clairement que Chimua Achebe fut lauréat de plusieurs
Prix littéraires grâce à ses ouvres de qualité. Quelles sont donc les œuvres qu’il eu à écrire ?
2) Bibliographie
Le 1er roman de Chinua Achebe « Things fall Apart » (le monde s’effondre) a été tiré à plus de 3.050.000 d’exemplaires depuis sa sortie et traduit à plus de 45 langues.
-1960: No longer at Ease (le malaise)
-1964: The sacrifficial egg and others stories
-1966: Arrow of God
-1966: A man of people (le demagogue)
-1971: Chike and the river
-1972: How the leopard got his claws
-1973: Girl at war
-1973: Christmas at Biafra and other poems
-1975: Morning yet on creation day
-1975: The flute
-1978: The drum
-1978: Don’t lets him die
-1978: Okijbo
-1982: Aka weta an anthology of Ibo poetry
-1984: The trouble with Nigeria
-1988: Anthills of savannah
-1988: Hopes and impediments
-2000: Home and exil
II- RESUME ET STRUCTURE DE L’OEUVRE
1) Résumé
Le monde s’effondre est un témoignage sur le mode de vie des africains avant et pendant la colonisation de l’Afrique noir par les européens. Jadis, enraciné dans la culture, le Ibo connaîtra un bouleversement socio- culturel dés les premiers jours de l’arrivé des colons.
En effet, ce peuple étant animiste, accordait une grande importance aux valeurs traditionnelles. Les traditions Ibo gardent leur importance lorsque survient un évènement malheureux ou joyeux. Okonkwo, le personnage principal de cette œuvre est un farouche guerrier et un grand cultivateur qui projette de rehausser l’image de la famille ternie par un père assisté paresseux. Chinua Achebe brosse donc le portrait d’un homme rude, complexe, ambitieux qui veut s’accomplir et devenir une figure emblématique de son clan. C’est pourquoi il fut désigné par les responsables du clan pour l’enlèvement de Ikemefuna et de la vierge fille en compensation d’une femme assassinée dans le village voisin Mbaino. Mais ce dernier fut contraint à l’exil pour avoir tuer le fils âgé de Ezeulu lors de ses funérailles.
Tandis qu’il lui restait quelques années pour prendre les plus hauts titres du clan. L’exil d’Okonkwo sera marqué par l’avènement de la colonisation à Umuofia. Après sept ans d’exil, Okonkwo regagna la terre paternelle et trouva que la société était divisée. Les partisans de la nouvelle religion furent entrés en conflit avec les détenteurs de coutume, car Enoch ôta le masque à un Egwugwu lors d’une cérémonie. En réplique, les membres du clan détruisirent l’église. Ce qui conduisit Okonkwo et cinq autres autorités en prison. A la sortie de la prison, Okonkwo lança un appel à la révolte mais n’ayant pas le soutien, il décida de se suicider.
2) Structure de l’oeuvre
L’œuvre est structuré en trois parties qui comportent 254 pages.
La première partie comprend 139 pages soit 13 chapitres. Elle décrit l’apogée de la société Ibo au Nigeria et dans laquelle évolue un grand guerrier du nom d’Okonkwo.
La seconde partie regroupe six chapitres soit 39 pages évoque l’exil d’Okonkwo dans son village maternel pour avoir commis un meurtre, ainsi que l’arrivée des missionnaires blancs et la conversion de son fils aîné à la nouvelle religion (le christianisme).
La dernière partie compte six chapitres et raconte le retour d’Okonkwo dans son village natal régi par de nouvelles lois investies par les étrangers (missionnaires), où règne un désordre indescriptible. Indigné par les pratiques de la nouvelle ère, Okonkwo mis fin à sa vie.
Dans le roman, de nombreux thèmes sont abordés mais nous étudierons les grands thèmes tout en faisant leur rapport avec l’actualité.
III- LES THEMES ET LEUR RAPPORT AVEC L’ACTUALITE
1) La culture
La culture est l’ensemble des connaissances acquises pour une personne ou une société. Dans cette œuvre, plusieurs types de culture se font sentir. L’activité principale des Ibos est l’agriculture. Ils organisaient aussi des activités physiques telle que les championnats de lutte et les danses traditionnelles qui se faisaient sous le rythme tam-tam et des fûtes , ainsi les vainqueurs étaient récompensés par des titres d’honneur et de gloire . Ce qui explique la célébrité d’Okonkwo qui avait réussit à terrasser Amalinze le chat resté invincible pendant sept ans. Les comtes également étaient reconnus dans la société Ibo comme une activité de divertissement et d’instruction. En plus cette société marquée par la polygamie donnait une place importante à la dot. En effet celui qui voulait se marier devrait s’attendre à une dot fixée par ses beaux parents : « de cette manière, le montant de la dote d’Akekue fut finalement fixé à vingt sacs de cauris. C’était le crépuscule quand les deux partis arrivèrent à cet accord. » Chapitre VIII page 90.
De nos jours, cette culture prend de plus en plus une autre forme. Dans la société actuelle les jeunes préfèrent le football à la lutte. Quant à la dot ,elle existe toujours dans d’autres groupes ethniques en plus du mariage civil. Egalement, les contes sont généralement écrits au lieu d’être oralement racontés.
La culture Ibo a une grande ressemblance avec celle de nombreuses sociétés traditionnelles africaines. Que peut-on dire de leur tradition ?
2) La tradition
La tradition des Ibo est une tradition purement africaine car ces derniers respectent leurs coutumes et règlements. Leur mode est très étrange car ils n’acceptent pas la naissance des jumeaux qu’ils considèrent comme une abomination. Ces derniers sont jetés dans la forêt des esprits du mal qu’ils appelaient forêt maudite. Ils n’acceptaient pas les lépreux et les albinos, croyant qu’ils n’étaient pas des êtres humains. Ils n’étaient pas ainsi enterrés mais jetés. Leurs coutumes n’acceptaient pas non plus la querelle entre les membres de même clan.
Cet acte leur apparaît comme une grande humiliation. Chez les Ibo quand quelqu’un tuait un homme même involontairement, il était exilé sept ans. C’est l’exemple d’Okonkwo à la deuxième partie de l’œuvre. Et si cela se faisait de sang froid c’était la condamnation à mort. Si ce crime est commis par un étranger le village de ce dernier donnait une vierge et un jeune garçon en compensation pour éviter la guerre entre les clans. Mais avec l’arrivée du blanc la vie traditionnelle des Ibo fut bouleversée par la civilisation blanche. Certains allèrent jusqu’à mépriser leur propre culture.
La tradition Ibo se présente donc comme une tradition rigoureuse. Ses règles sont dures. Nul n’est au dessus de cette tradition. Mais la colonisation a bouleversé cette pratique.
3) La colonisation
La colonisation a eu un impact sur le peuple Ibo à travers la modification des structures traditionnelles de leur société. Okonkwo, banni de son village, revint quelques années plus tard et constate que tout avait changé, en effet les missionnaires sont devenus les colonisateurs. Ils ont créé des structures administratives et dictaient leurs lois. Okonkwo voulait mener la résistance mais ses confrères n’avaient pas le courage de le soutenir dans sa révolte contre le pouvoir colonial : « Il savait qu’Umuofia n’entreprendrait pas de guerre. Il le savait parce que les hommes avaient laissés les autres messagers s’échapper. Ils s’étaient laissé emporter par le tumulte au lieu d’agir. »
Eu égard de tout cela, Okonkwo préféra la mort à la soumission. Pour la société Ibo, la colonisation apparaît comme une entrave au développement socio -culturel. Avec la colonisation, on assiste de nos jours à une disparition progressive des valeurs traditionnelles africaines.
4) La religion
La religion est un thème récurrent dans le roman. A l’instar de la quasi-totalité des peuples africains, à l’époque précoloniale, le peuple Ibo était polythéiste par conséquent il adorait plusieurs dieux. Il important de noter que ce peuple croyait en l’existence d’un dieu suprême qu’il appelait Chukwu qui, selon eux, a créé la terre, les hommes, les esprits et les petits dieux qui sont ses messagers. Ces dieux étaient représentés par des pierres et des bois auxquels les Ibos faisaient les offrandes : « chaque année…avant de mettre la moindre semence dans la terre, je sacrifie un coq à Ani, le propriétaire de toute terre. C’est la loi de nos pères. Je tue également un coq à l’autel d’Ifejioku, le dieu des ignames. Ils étaient entre autre Agbala déesse des grottes et des collines, Ani déesse de la terre et Amadiora dieu du tonnerre. Ceux qui voulaient consulter les dieux, devaient ramper sur le ventre pour entrer dans une caverne où ils se trouvaient. Ils s’adressaient aux dieux par le biais des prêtres par exemple la déesse Agbala avait pour prétexte Chielo, chez les Ibo, la décision des dieux est irrévocable avec l’arrivée des colons, le christianisme a pris de l’ampleur dans nos sociétés africaines. De nos jours, la religion traditionnelle tend à disparaître au profit des religions dites révélées.
Dans cette partie, le christianisme est venu et a mis le doute dans les cœurs de certains Ibo. Cette religion nie la crédibilité de l’animisme. Cependant, comment était organisée la société Ibo avant l’avènement de cette religion ?
5- L’organisation sociale
Contrairement à certaines sociétés africaines, les Ibo n’avaient pas de roi. Dans cette société on parlait plutôt de titres hiérarchiques dont l’ardeur au travail, le courage et la bravoure étaient les critères. Ces titres étaient essentiellement conférés lors des guerres et des compétitions de lutte. Okonkwo en avait eu deux ; n’eu été son exil, il allait décrocher le troisième : « Il avait perdu des années au cours desquelles il aurait pu prendre les plus hauts titres du clan ». Chapitre XX page 207.
Chez les Ibo, les vieux occupent une place de choix. Ils sont les guides de la société. Ils veuillent au respect des règles et des coutumes sociales. Pendant la prise de décisions qui se faisait entre les hommes, le dernier mot leur revenait.
Les enfants, après les travaux champêtres, s’adonnaient aux activités de divertissement telles les luttes les contes etc.
Quant aux femmes, elles étaient destinées au foyer et elles étaient reléguées au second rang.
De nos jours avec l’avènement de la démocratie, nous assistons à la mise en place de nouvelles structures sociales bouleversant ainsi les structures anciennes marquées par les chefferies traditionnelles.
Les Ibo, même s’ils n’avaient pas de roi, il faut noter que la société était bien organisée. Dans cette société, quel était donc le comportement des hommes ?
6- La solidarité
La solidarité est la dépendance mutuelle, le sentiment qui pousse les hommes en s’entraider. Elle est un élément important dans la société Ibo. En effet, Unoka, le père d’Okonkwo qui était fainéant, ne parvenait pas à nourrir sa famille sans l’aide des autres membres du clan. Il était toujours couvert de dettes qu’il n’arrivait pas à rembourser. Malgré tout, il bénéficiait de l’assistance de ses confrères. Après sa mort, son fils était obligé de se battre pour s’auto suffire. Ainsi, avec l’aide de la société notamment celle de Nwakibié, il parvint à conjurer sa misère et à se faire une place dans la société. Egalement, lorsque l’exil d’Okonkwo survint, son ami Obierika prit le soin de vendre ses ignames et de lui apporter l’argent dans son village maternel où il fut chaleureusement accueilli : « C’est l’argent de tes ignames. » dit Obierika. « J’ai vendu les grosses lorsque tu es parti. » page171.
Cependant, même si cette vertu demeure dans certaines sociétés, force est de croire que de nos jours la solidarité est entrain de céder la place à l’individualisme. Les sociétés urbaines sont les plus touchées par ce comportement qui ne fait pas preuve d’humanisme. La solidarité est une vertu cultivée chez les Ibo. Au delà de cette solidarité, quelle était la place des femmes ?
7-Le statut de la femme
Dans l’œuvre le monde s’effondre, Chinua Achebe fait une brève aperçue sur la vie quotidienne des femmes dans la société Ibo. Le village Ibo reflète l’image de la société africaine d’antan. Cette communauté de la forêt qui, presque totalement coupée du monde extérieur, avec ses Dieux et ses ancêtres, ses coutumes et ses interdits, la femme était reléguée au second plan. Elle n’avait pas le droit d’assister ou de prendre la parole lors des réunions sauf si elle était sollicitée : « Quand chacun eu bu deux ou trois cornes, Nwakibié envoya chercher ses femmes ». Elles obéissaient à la lettre, aux instructions de leurs maris.
Par ailleurs, la première femme avait droit au respect et à la considération de ses cadets : « Anasi était la première femme et les autres ne pouvaient boire avant elle, aussi restèrent-elles à attendre. Elle se dirigea vers son mari et accepta la corne de ses mains. ». Les femmes également devaient du respect à leur mari, s’agenouillaient devant lui à son appel : « Elle se mit alors sur un genou, bu une gorgée et rendu la corne ». Chapitre 3 pages 29. Dans la société Ibo, la femme représentait une richesse pour son mari. Pour cela, le nombre de femmes représentait une grande considération pour un homme. Les femmes aidaient leur mari dans les travaux champêtres : « Sa mère et ses sœurs travaillent dure sans doute, mais elles faisaient pousser des plantes de femme telles que les ignames-coco, les haricots et la cassave. » page 32-33 chapitre III.
De nos jours, même si cette soumission existe dans les campagnes, nous remarquons que la modernisation a fait apparaitre une autre image de la femme dans les centres urbains. Avec l’épineuse question de l’mancipation, la femme possède les mêmes droits que l’homme et pousse l’orgueil à être égale à lui.
IV- L’INTERET DE L’OEUVRE
1) Au plan social
La société Ibo telle qu’elle est décrite par Chinua Achebé apparaît comme une société bien organisée et profondément hiérarchisée. Les Ibo sont des fervents pratiquants du polythéisme et se conforment aux valeurs ancestrales contrairement aux sociétés dites modernes, la société Ibo était profondément encrée dans leur culture ou tradition.
En outre, la solidarité, la bravoure, la dignité constituent les principes fondamentaux de la société Ibo et qui pourrait contribuer au développement de nos sociétés actuelles. Mais, la colonisation a entraîné un profond bouleversement de la société Ibo. Ainsi, cette œuvre nous interpelle à une prise de conscience, une revalorisation de nos coutumes et traditions qui sont nos vertus solides.
Quant à la civilisation étrangère, elle a apporté à l’Afrique la division, la haine, l’acculturation. Donc, un retour aux sources s’impose car elles n’ont pas encore tari.
2) Au plan culturel
Ce roman privilégie les coutumes ancestrales tout en invitant les jeunes africains à un retour à la source. Ils deviennent un guide pour sauvegarder les cultures africaines. L’œuvre toute entière donne une vision panoramique sur les cultures traditionnelles au pays Ibo et en Afrique en général. Ainsi d’énormes cultures font la fierté de l’Afrique.
La lutte et la danse ne sont-elles pas des activités incontournables?
Ces activités atteintes par les effets de la colonisation occidentale ont besoin d’une revalorisation. Ce livre laisse percevoir des caractères importants de l’africain tel que le respect de la solidarité. Alors, l’africain doit prendre conscience de son identité culturelle.
CONCLUSION
En épilogue, on retiendra que ce roman est un témoignage vivant de la perte de notre culture par la violence avec l’arrivée du colon. L’analyse de ce roman nous a permis de nous imprégner des principaux thèmes qui s’y trouvent ainsi que leur rapport avec l’actualité.